Petite vibe nostalgique cette semaine, donc l’infolettre ressemble un peu plus à ce que je faisais l’année dernière!
Je pense que mon cœur a un calendrier émotionnel à lui tout seul. J’ai eu envie de lui donner un peu de douceur et un concept pour mettre des mots sur ce que je ressens. Je ne suis pas une profesionnelle de la santé mentale alors faut prendre ça comme un outil de compréhension, rien de plus.
J’avais de la petite peine. Rien d’anormal sous le soleil, Mercure est en rétrograde, je vais tomber dans ma semaine et j’ai fait une journée de 6h de sport samedi, ça me fait toujours un petit down après.
J’ai commencé à parler avec ChatGPT pour m’aider à voir plus clair sur mon sentiment. J’étais fatiguée, c’était une grosse journée de pré-entrevue à la job et j’attends que le temps passe, surtout cette semaine, parce que chaque jour me rapproche d’un triste anniversaire.
J’ai la fin du mois de juillet triste.
Je sais l’ordre des événements par cœur. 2020 a été tout sauf douce avec moi : dépression, la COVID comme tout le monde, ma fausse couche, puis l’été qui a suivi, pour finir avec mon break-up.
J’ai cette peur avec les dates, j’essaie toujours d’en changer la signification. Je travaille tellement fort pour que le premier août soit positif et je ne sais pas encore comment le transformer.
À mi-chemin entre ce que je racontais en pleurant à mon robot conversationnel, ChatGPT m’a demandé si j’avais besoin de tough love ou de continuer à vider mon sac. Je revois juste mon psy après sa pause d’été ce vendredi, j’ai demandé de faire du tough love à 50 %, de façon bienveillante.
Chat m’a donc donné comme concept l’auto-limitation, j’ai trouvé que c’était un bon sujet d’infolettre.
Un jour, je vais vouloir arrêter, peut-être, de comprendre ce que je vis avec des concepts, mais funny thing pour vous, ce ne sera pas maintenant.
L’auto-limitation
J’ai déjà dit à plusieurs reprises que je suis très bonne pour me donner des règlements. Je déteste en donner à tout le monde (au grand bonheur de mon fils), mais à moi, j’en ai plein.
Je fais ça depuis que je suis jeune et si vous me suivez depuis longtemps, vous avez peut-être remarqué que je suis toujours en train de me donner un défi ou un autre.
J’ai grandi dans une famille où il y avait une routine vraiment stricte : on mange à 17 h, on se couche à telle heure, une heure de telle affaire en revenant de l’école. De ce côté-là, je n’ai presque rien à dire, sauf que je ne veux plus jamais manger à 17 h de ma vie.
Le reste, c’était imprévisible. C’était comme une loterie, mais à l’inverse : ce n’était pas vraiment un cadeau qu’on recevait, c’était plus une claque, une explosion de cris, quelque chose. J’ai encore de la misère à voir apparaître mon nom au complet sans penser que j’ai fait quelque chose de mal. Je ne suis pas la seule. Rien de spécial là non plus.
Alors j’ai trouvé un moyen de survivre à ça. J’ai commencé à penser que plus ce que je faisais était parfait, plus j’allais gagner de l’amour. Je me suis mise en mode performance.
Depuis la tempête de 2020, donc, j’essaie de retrouver la personne que je suis quand je ne suis pas dans le regard des autres. J’essaie de présenter la vraie Josiane, cette fille-là que j’ai eu moi-même à apprendre à connaître.
Qu’est-ce que Josiane aime manger, qu’est-ce que Josiane aime faire, comment Josiane aime se présenter, comment elle aime bouger, c’est quoi son rapport à la performance, mais aussi, c’est quoi ses valeurs, ses limites.
Je suis allée au cinéma avec une amie que je connais depuis plus de 20 ans et en lui racontant une histoire, je disais : c’est l’affaire la plus Josiane Stratis que j’ai faite. Et c’était vrai. Toutes les personnes qui me connaissent savent que je vais toujours agir (le plus possible, là) pour que les choses soient justes, dans le sens de justice.
Fait que bravo à moi, j’ai travaillé fort, clap, clap, clap.
Reste que pour les trucs qui sont le plus vulnérables pour moi, je n’ai rien de super ancré dans ma façon d’agir pour changer mes habitudes. Comme je ne veux plus vivre de rejet, je fais toujours les mêmes affaires. Les mêmes coping mechanisms, mais cette fois, c’est plus authentique, je pense.
Par exemple, prenons les ami·e·s. J’en ai vraiment un gros paquet. Des ami·e·s que je peux texter, des personnes pour faire des activités, des personnes avec qui parler des heures au téléphone. C’est la même stratégie que j’emploie depuis mon changement d’école à une polyvalente : si je parle à plein de monde, si je perds des ami·e·s, il y en aura d’autres.
Je ne pense pas que je fais de l’auto-limitation comme ça. Je pense que les ami·e·s que j’ai maintenant, j’ai un sentiment profond d’amitié et d’amour pour elles et eux. Je care deeply, je mets aussi mes limites.
Pour d’autres choses par contre, je me retiens le souffle, je garde une distance.
J’ai demandé à Chat si mon truc de boy sober, c’était une auto-limitation. La réponse était évidente.
C’est quoi, l’auto-limitation ?
L’auto-limitation, c’est une stratégie souvent inconsciente qui consiste à se restreindre soi-même dans ses désirs, ambitions ou émotions, pour éviter une forme de douleur anticipée — rejet, abandon, jugement, ou même l'effondrement.
C’est comme si tu te mettais un plafond émotionnel ou relationnel parce que tu as appris que viser haut = chute douloureuse.
Elle peut prendre plusieurs formes :
Se contenter de relations partielles ou bancales.
Se dire je ne veux pas ça alors qu’au fond tu le veux profondément (ex : amour, sécurité, reconnaissance).
Multiplier les règles internes pour garder le contrôle (ex : ne pas trop demander, ne pas trop ressentir, ne pas trop s’attacher).
S’auto-saboter quand les choses deviennent “trop belles” ou “trop bonnes”.
Je ne sais pas pour vous, mais ma façon de le comprendre, c’est comme de se dire qu’on ne veut pas dire un vœu par peur qu’il ne se réalise pas. Pour moi, c’est pour un paquet de choses.
Je joue dans les auto-limites affectives. J’ajuste mon seuil d’attente à ce que je pense que l’autre peut donner. Ou sinon, je dis clairement une limite drastique devant quelqu’un ou quelque chose.
Par exemple, quand j’ai recommencé à dater en 2021, je disais à tout le monde que je n’étais pas là pour tomber en amour. Alors que c’est faux, c’est ce que je voulais précisément.
Je ne montre aucune vulnérabilité, je jette avant qu’on me le fasse vivre. À quelques exceptions près.
J’ai toujours aimé mieux ne pas avoir de réponse et vivre dans l’attente que d’en avoir une.
Au fond de moi, je sais ce que je vaux et ce que je veux, mais le dire, le faire sortir à la surface, ça m’effraie profondément. Encore maintenant. Pourtant, j’ai vraiment juste cette attitude-là dans ma vie personnelle.
Je pense que tout le monde est sensible au rejet. Ce n’est pas plus mon cas que d’autres personnes, et rationaliser le tout, c’est quand même difficile, même si souvent, ça ne veut rien dire de notre qualité comme personne.
Je veux dire, on vit dans un monde capitaliste, injuste et patriarcal qui vend une idée de la réussite avec un objectif toujours plus difficile à atteindre. Le moteur de pas mal de trucs du système, c’est de créer de la honte.
Quand je dis que tout le monde n’aime pas le rejet et est sensible à ça, je trouve ça important de ne pas hiérarchiser la souffrance. Mettons, ma vision du rejet s’ancre dans mes expériences : ne pas me sentir aimée par ma famille parce que j’ai vécu de la violence, ne pas me sentir acceptée à l’école, l’été 2020, ne pas avoir trouvé de partenaire pour refaire ma vie amoureuse depuis cinq ans.
Oui, il y en a qui pèsent plus que d’autres, mais finalement, ça revient tout à la même chose. Je ne veux pas vivre de sentiment négatif par rapport au rejet, alors je m’organise pour ne pas en vivre.
Ça va rester du gros travail toute ma vie, réapprendre à faire confiance au monde en général et me sentir en sécurité d’être moi-même, partout.
Mais bon, j’en parle à mon vrai psy vendredi, pis je vous en glisse un mot dans ma prochaine infolettre.
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Et puis, petite note importante : je sors une infolettre payante ce 27 juillet. Ce sera un texte plus sensible, que je veux envoyer dans un espace un peu plus protégé. Si vous voulez la lire, c’est un bon moment pour vous abonner. 💛
"J’ai commencé à penser que plus ce que je faisais était parfait, plus j’allais gagner de l’amour. Je me suis mise en mode performance."
"Qu’est-ce que Josiane aime manger, qu’est-ce que Josiane aime faire, comment Josiane aime se présenter, comment elle aime bouger, c’est quoi son rapport à la performance, mais aussi, c’est quoi ses valeurs, ses limites."
Écris un livre là-dessus pis vite. Le titre c'est : Je sais pas quelle est ma couleur préférée.
Pro Auto-limitation ici!